« JE N'AI DÉJÀ PAS BEAUCOUP DE CHEVEUX, MAIS LÀ J'EN PERDS ENCORE UN PEU PLUS ! »

07 janvier 2024

Vendée Globe

À bord d’Holcim-PRB, Nicolas Lunven ne perd pas son humour même s’il bataille depuis ce week-end avec une série de problèmes techniques. D’abord aux prises avec une fuite hydraulique du système de quille, le skipper a ensuite constaté la disparition du chapeau de tête de mât, le privant de données de vent précieuses… Le week-end et la journée d’hier ont donc été consacrés à un bon remue-méninge pour essayer de se tirer d’affaire. 

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© polaRYSE

Du côté de la fuite d’huile, il semble que tout soit rentré dans l’ordre. « Cette remontée de l’Atlantique sud n’est pas facile. Je le savais pour l’avoir fait précédemment sur des Volvo Ocean Race ou en tant que routeur pour Armel Le Cleac’h l’hiver dernier ou même en tant qu’observateur. Cette partie n’est pas évidente. Ça se confirme ! On a des conditions très instables au niveau météo, avec des grains très perturbateurs. Il y a aussi un vilain clapot. Et en plus, j’avais une petite fuite hydraulique au niveau de la quille mais il semblerait que ça soit résolu. C’était juste un écrou qui avait pris du jeu » explique Nicolas qui a réussi à atteindre hier la zone difficile d’accès pour mettre un tour de clé salvateur.

Du côté des données de vent, c’est plus compliqué. Il s’aide d’un système de remplacement placé sur une perche sur le tableau arrière d’Holcim-PRB mais les informations manquent de précision et le contraignent à régler les voiles en permanence et à jouer avec la télécommande pour ajuster la trajectoire de son monocoque au mieux. La direction du vent indiqué par le système de secours est fiable mais la force du vent l’est beaucoup moins. C’est donc extrêmement sollicitant pour Nicolas qui doit rester en veille au maximum. « Dès qu’il y a des situations un peu stables, j’en profite pour aller dormir en me mettant des alarmes de partout pour pouvoir vite me réveiller s’il y a quoi que ce soit. Ça demande un investissement très important. Avec l’aérien de spare, la force de vent n’est pas du tout fiable. Donc dans la nuit, c’est compliqué. Je n’ai déjà pas beaucoup de cheveux, mais là, j’en perds encore un peu plus ! C’est dommage car le bateau est super » détaille le skipper qui, dans ces conditions, a forcément cédé du terrain à ses adversaires.

Il est actuellement 10e mais la bataille fait rage avec un groupe de six autres bateaux. Les écarts latéraux sont conséquents, chacun apposant sa carte stratégique dans cette remontée de l’Atlantique. Nicolas a choisi de faire route dans l’Est. Il se situe au large, tout comme Paul Meilhat tandis que ses adversaires (Jérémie Beyou, Sam Goodchild, Boris Hermann, Justine Mettraux) progressent le long des côtes brésiliennes. Thomas Ruyant a quant à lui fait le choix d’une route médiane. Malgré ses problèmes techniques, Nicolas n’en oublie pas ses facultés de stratège et a véritablement réfléchi son positionnement. Difficile pour l’heure de parier sur un choix gagnant mais il se dit satisfait des conditions qu’ils rencontrent. « Pour le moment, je ne suis pas mécontent car j’ai toujours eu du vent pour avancer, je ne me suis pas arrêté dans de la pétole. J’espère que ça va être le cas jusqu’au bout. On a un front à gérer que l’on appelle, en météo, front semi-permanent d’Atlantique Sud qui part de Rio et qui traverse l’Atlantique sud, direction sud-est. Le long de ce front, qui est là quasiment tout le temps avec un caractère orageux, se forment des dépressions au départ du Brésil. Elles suivent ensuite ce front et traversent l’Atlantique Sud. Il faut réussir à le traverser. Les options sont simples : on tente sa chance près de la côte su une route plus directe au risque d’avoir moins de vent ou alors on se dit que l’on fait le tour au large en rallongeant la route mais en ayant une zone difficile moins large à traverser. C’est le choix qui m’a paru le moins risqué d’autant que je devrais être mieux positionné à suivre pour jouer la rotation du vent au nord, au nord est puis à l’est » explique avec force pédagogie le skipper d’Holcim-PRB avant de préciser : « pour le moment, je ne suis pas capable de dire si ça va marcher ou pas. Par contre, je suis capable de dire que je suis content avec le vent que j’ai parce que même si j’ai des situations météo avec des grains, j’ai toujours réussi à avancer. Et je vois que mes camarades à terre ont commencé à ralentir ».

D’ici 24 heures, on pourra deviner qui, des deux groupes, prendra l’ascendant pour l’approche de l’équateur et le retour en Atlantique Nord.


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